Après la victoire de Sarko… les syndicats doivent-ils se taire ?

Publié le par pas62

A l’applaudimètre patronal, c’est clair, l’élection de Nicolas Sarkozy est saluée comme une victoire. Concernant, le Medef qui avait adoubé le candidat lors de sa dernière université d’été en 2006, c’est même une consécration.



On se souvient combien Laurence était à « tu et à toi » avec Nicolas. Comme quoi, les histoires d’amour ne finissent pas toujours en eau de boudin… La présidente du Medef, Laurence Parisot, a ouvert le bal des félicitations, en adressant dès dimanche soir un télégramme de félicitations à Nicolas Sarkozy, qu'elle connaît bien et tutoie, pas seulement en privé.

Si elles ne soutenaient officiellement aucun candidat à la présidentielle, les organisations patronales n'avaient pas dissimulé que le programme économique de Sarkozy leur apparaissait plus conforme à leurs souhaits que les propositions de la candidate socialiste Ségolène Royal, jugées « vagues » au Medef. Saluant une « très nette victoire », elle a adressé à Nicolas Sarkozy et à son futur gouvernement ses « vœux de réussite pour que notre pays retrouve le chemin d'une croissance forte et pérenne au service du plein emploi et du désendettement ». « Nous nous engageons à contribuer avec responsabilité et enthousiasme à l'écriture de la nouvelle page qui s'ouvre pour la France », a-t-elle conclu.

C’est là qu’il faut s’inquiéter… Une nouvelle page pour l’une, la rupture pour l’autre… tout ça ne sent évidemment pas très bon pour les droits sociaux et les intérêts des salariés. D’autant que les amis de Sarkozy n’ont pas le triomphe modeste. Ainsi, son éminence grise et directeur de campagne, Claude Guéant verrait-il « mal que les syndicats puissent aller contre l'avis du peuple français », car ils « ne représentent que 8 % des salariés alors que ce sont 85% des Français qui se sont exprimés dimanche dernier ». Une manière de contester la représentativité et la légitimité syndicale… A quoi, la secrétaire de la CGT Maryse Dumas a répliqué que « la légitimité syndicale et sociale n'est pas contestable dans ce pays. Bien qu'étant insuffisant, le nombre de syndiqués, par exemple à la CGT qui compte 700 000 syndiqués actuellement, est supérieur au nombre d'adhérents de tous les partis politique confondus ». De plus, lorsque des élections professionnelles sont organisées, les salariés y participent massivement, avec des taux de participation frisant parfois 90 %. Il ne faudrait pas s’attendre à ce que les organisations syndicales, dont on a remarqué qu’elles n’avaient fait campagne pour aucun candidat, restent l’arme au pied devant des attaques frontales et brutales.

Élu grâce à une magnifique OPA sur les voix frontistes et avec l’onction patronale, Nicolas Sarkozy ne peut espérer donner des gages à ses soutiens sans déchaîner une colère sociale qui quoi qu’il en dise, reste légitime et salutaire. Mais ce dernier n’aime pas la rue. Sa volonté de liquider l’héritage de mai 68 doit être regardée d’abord comme la volonté d’effacer la dernière grande déculottée du patronat.

Publié dans Elections 2007

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